« Entrez, entrez. Installez-vous et faites comme chez vous, surtout ! Un thé, peut-être ? » Tout en vous tendant une tasse de thé, Mrs Lloyd fronce légèrement les sourcils pour vous demander : « Dites-moi, c'est la première fois que je vous invite chez moi, il me semble. Comment cela se fait-il ? Vous n'êtes pas bien intégré à notre communauté, peut-être ? Rassurez-moi tout de même, vous n'êtes pas quelqu'un d'important ? » Tout en vous proposant des biscuits d'un geste, elle ajoute en riant : « Ou bien, vous n'aimez pas les vieilles radoteuses dans mon genre ! »
Il avait déposé Jack à l'école et devait aller le chercher en fin d'après midi. En attendant, John - il s'était habitué à se référer a lui comme John Harding, Sonny ayant été ravalé par la force des choses au rang de souvenir - avait rendez-vous avec une certaine Mme Lloyd pour le thé. Il n'aimait ni le thé ni les vieilles radoteuses. Ni vraiment la petite communauté dont elle parlait. John était un habitué des grandes villes et de l'anonymat. Les gens qu'il connaissait à Tenby étaient des clients de son cabinet d'architecture, point. Pour le reste, il n'avait pas vraiment envie de sympathiser. Ni d'attirer l'attention. Il voulait une vie calme et qu'on ne bave pas sur son compte. « Oh euh, un thé, oui, merci. Je suis navré de ne pas être venu plus tôt, c'est simplement que j'ai beaucoup de travail, et pas forcément que à Tenby.» En réalité, il n'était pas navré du tout, mais bon. Il s'était résolu à venir parce que sinon, c'était de son absence que l'on parlerait. « Puis je dois m'occuper de mon fils, alors forcément je n'ai pas beaucoup de loisirs.  » Son ton s'était un peu adouci en parlant de Jack. C'était sa fierté, son gamin.
« Je crois déceler un drôle d'accent chez vous, à moins que mes biscuits soient trop secs... Rappelez-moi d'où vous venez, déjà ? Cela fait longtemps que vous vivez à Tenby ? »
Elle avait l'oreille, mais il s'y attendait. « Hm, je ne suis là que depuis cinq ans, alors je suppose que c'est pour ça  que je n'ai pas l'accent du coin. » Incompréhensible d'ailleurs. « Je viens de Londonderry, en fait, même si j'ai habité pas mal de temps à Dublin.» Faux sur toute la ligne. Il était né et avait grandi à Belfast, avait toujours vécu là-bas. Il y avait étudié et contrairement à ce qu'il voulait bien laissé entendre, n'avait jamais exercé le métier d'architecte avant d'arriver là. « Je voulais m'installer à mon compte. Mais avant que ma copine ne s'en aille, je ne l'avais pas envisagé sérieusement. Quand elle est partie, j'ai décidé de changer d'air. J'aimais bien la ville et il n'y avait pas d'architecte alors ça c'est fait comme ça.» Faux encore. En réalité, après un gros braquage effectué pour son père à Belfast, qui avait mal tourné, John avait balancé toute son histoire aux flics et son père et ses sbires par la même occasion.  Il voulait s'en sortir, se dégager de toute cette violence et sortir son fils de là par la même occasion. Alors il avait pris la première porte de sortie qu'on lui offrait, et tant pis si le programme de protection des témoins ne proposait comme solution que Tenby, trou paumé parmi les trous paumés. Ça valait mieux que d'être mort, de toute façon.

Après quelques commentaires sur vos origines et la beauté de la ville de Tenby, Mrs Lloyd pose une main sur la vôtre et vous interroge à nouveau : « Ah si vous saviez quel bien cela me fait d'être en compagnie de quelqu'un d'aussi... frais que vous ! A votre âge, j'avais des rêves plein la tête, et je n'ai pu en réaliser qu'une infime partie ! Mais plutôt que de vous endormir avec mes histoires, parlez-moi des vôtres, de projets, ou même, de vos rêves les plus fous... »
Introverti et peu adepte des démonstrations d'affections comme il était, il faillit en renverser son thé et lui demander de le lâcher. Mais il s'abstint. Par pure politesse, d'ailleurs, en se disant que c'était bientôt fini. Et manqua de s'étouffer de rire après sa question. En réalité, les seuls projets que John avait, c'était de ne pas se faire retrouver par les hommes de mains et les copains de son père et de ne pas être victime d'un réglement de compte. Bon, en réalité, il travaillait aussi pour que son fils ait une meilleure vie que la sienne, qu'il échappe à tous ces problèmes là. Mais ça ne regardait pas la vieille Madame Lloyd, ces histoires là. « Je ne sais pas trop. Je crois que j'ai les mêmes rêves que tout le monde, non ? Que ma boite marche bien, que mon gamin s'en sorte dans la vie...c'est pas très ambitieux, mais bon. Je crois pas beaucoup à l'ambition.  » Non, en effet. Il ne pouvait pas trop se permettre d'y croire, avec l'épée de Damoclès qu'il avait posé sur la tête. Tout était précaire.

« Et dites-moi, au risque de paraître trop curieuse, je me demandais... Côté cœur, c'est comment ? Vu votre sourire, je suis certaine qu'il n'y a aucun soucis à avoir de ce côté-là, cela dit. » achève-t-elle en riant.
Il jeta un oeil vaguement sceptique à la vieille dame, manière de dire « mais vous n'avez rien de mieux à faire que stalker la vie des gens ? ». Clairement, là, il n'avait pas envie de répondre, mais se doutait qu'on n'allait pas lui ficher la paix avec ça s'il ne disait rien. « Je suis navré de vous décevoir, mais j'ai moyennement le temps pour ça. » Oui, bon, peut-être que si, mais bon, en fait, il n'avait pas envie. L'épisode Nell l'avait pas mal refroidi. Il y avait de quoi. « Avec la mère de mon fils, ça ne s'est pas très bien fini. Elle ne voulait pas s'en occuper, vous comprenez, le boulot, alors c'est moi qui ait récupéré sa garde. Du coup entre lui et mon cabinet, j'ai pas vraiment le temps pour rencontrer quelqu'un. » Quand il avait rencontré Nell à la fac, les rares fois où il s'y était pointé, il avait sérieusement cru que ça durerait toute la vie entre eux. Oui, d'accord, ils avaient eu Jack trop jeunes, clairement, mais pendant un moment, ça avait marché. Il n'avait pas vu quand ça avait commencé à déraper, quand Nell avait commencé à plonger dans la came et à devenir une junkie. Il l'appelait son héroïne, parce que héroïque elle l'était, et maintenant, il réalisait à quel point c'était ironique. Parce que pour une dose ou deux, elle l'avait dénoncé à son père, alors qu'il espérait la sauver, qu'ils s'en sortiraient, tous les trois, et qu'ils vivraient ensemble, ailleurs. Mais non. Elle était infoutue de s'occuper de Jack, et dangereuse pour lui autant que pour elle. Alors il était parti avec son fils. Mais ça avait de quoi refroidir, ouais. Et puis, même s'il rencontrait quelqu'un, ça lui faisait un peu peur, parce qu'après tout, bordel, il allait être condamné à mentir toute sa vie, non ?

« Vous avez bien raison, si seulement j'avais trente ans de moins... Enfin, je divague. Vous ai-je parlé de ma fille ? Elle vit à Cardiff et étudie... » Vous vous perdez bientôt sous les détails de la vie de la fille de Mrs Lloyd et plusieurs photos encadrées que la petite vieille se plaît à vous commenter, jusqu'à ce que finalement, elle se rassoie pour vous demander : « Et vous alors, vous diriez que vous êtes proche de votre famille ? »
Donc tout allait vraiment y passer. Il regarda d'un air extrêmement indifférent les photographies de la fille de la vieille dame, songeant qu'il allait de toute façon bientôt falloir qu'il parte lui aussi, chercher son propre fils à l'école. Evidemment, il ne put échapper à la question sur sa famille.  «Mes parents sont décédés, et je n'avais pas de frères ou de soeurs. » C'était en grande partie vrai : il était fils unique, à sa connaissance, et sa mère était bien décédée. Quant à son père, il devait purger un bout de sa peine de trente ans dans une prison en Irlande. Il avait été proche de son père, quand il s'appelait encore Sonny. Il l'admirait sincèrement, tout semblait lui réussir, et il avait la belle vie, des voyages, toutes les filles et les bagnoles qu'il voulait, gamin. Mais au final, tout ça, c'était superficiel. Il avait voulu lui ressembler tout gosse. Mais c'était vite passé., S'il avait suivi le même chemin dans la mafia et la violence que lui, c'est parce que son paternel l'épouvantait, comme il épouvantait sa mère et qu'il lui faisait du mal. Il ne trouvait ça ni juste ni glorieux. S'il n'était pas partie plus tôt, c'est parce que sa mère était encore là et qu'il ne se voyait pas la laisser. « Donc ça se résume à moi et mon fils. C'est un chouette gamin. » Pour la première fois, il y eut une indicible fierté dans les paroles de John. Jack avait supporté tout sans faire d'histoire, avec une extrême maturité. Ce n'était pas facile, et il savait que sa mère lui manquait, que changer de nom de famille, s'habituer à tout ça, ça devait être dur pour un gosse. Mais oui, il était fier. Jack ne lui ressemblait pas, ni à lui ni à sa mère. Il deviendrait quelqu'un de bien, il l'espérait. « J'ai foiré pas mal de choses dans ma vie, mais mon fils...bon. C'est pas une erreur, clairement pas. »

« Mais dites-moi, il se fait tard ! Je n'ai pas vu le temps passer en votre compagnie... Je vais malheureusement devoir vous congédier, j'ai encore mille choses à faire. Sachez que ma porte vous est grande ouverte si vous voulez papoter un peu, à moins que mes histoires vous ait endormi ! » lance-t-elle avec entrain. « Comme vous m'êtes sympathique, laissez-moi vous mettre en garde : les gens par ici ne sont pas toujours aussi sympathiques que ce qu'ils prétendent. Ou du moins, pas par pur générosité. Ce que vous dites à certains un jour pourra se retourner contre vous le lendemain ! Enfin, pas d'inquiétude, vos secrets seront à l'abri avec moi. »

Alors c'était comme ça ? On lui causait pendant des heures à essayer de tout savoir de sa vie et et puis d'un coup, on le foutait dehors ? Charmant ! Bon, en même temps, John n'allait pas s'en plaindre, il fallait vraiment qu'il ille chercher Jack au collège. Il regarda la vieille dame avec un air blasé lorsqu'elle lui dit que les gens du coin aimaient bien parler. « Je m'en serais pas douté, après cette conversation, tiens. Mais bon, comme je vous le disais, ma vie n'est pas très intéressante. Les gens seront déçus. » Il allait vivement continuer à tenir sa ligne de conduite, peu lui importait de passer pour un sauvage, et en dire le moins possible à cette bande de bavards. Avec un peu de chance, ils allaient vite l'oublier.

I'm not going to change, you know ? As sure as whisky burns, as sure as cigarets kill.
TON PSEUDO : Wanguard, Crazyoilmachine, COM, Ritchie... ; TON ÂGE : 22 ans ; TON PERSONNAGE EST : un inventé ; CONNEXION : 7/7j ; DOUBLE-COMPTE : Yep, mon autre moi c'est Ritchie  ; COMMENT AS-TU CONNU LE FORUM ? Google et PRD ;UNE SUGGESTION POUR LE FORUM ? Changez rien z'etes  beaux ;

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